Analyse de la situation financière d’Arsène, 23 ans, 300 000 euros de patrimoine

On inaugure le premier épisode du nouveau format “la Consult’ Finances”, dans
lequel on debrief ensemble la situation financière d’un abonné de l’émission
et on tente de répondre à ses interrogations.


Aujourd’hui c’est Arsène qui nous a écrit pour participer à l’émission. C’est
un jeune ingénieur en cybersécurité de 23 ans, qui gagne actuellement un
salaire de 2500€ et qui compte bien l’augmenter ces prochaines années en
changeant d’employeur régulièrement. Après avoir payé son loyer de 780€ et ses
charges mensuelles, il arrive actuellement à épargner quelques centaines
d’euros par mois. Il nous signale avoir de grosses dépenses inhabituelles en
ce moment.

Arsène nous dit qu’il a déjà de l’argent de côté, et beaucoup d’ailleurs
puisqu’il a hérité de près de 300 000€ après la perte d’un proche. Cette somme
provenait d’une assurance-vie de son proche et est maintenant placée sur des
livrets bancaires, un livret jeune, un livret A et un livret B pour être
précis. Par ailleurs, il nous signale ne pas avoir de dettes et pas encore
d’immobilier.

Ce qui préoccupe Arsène, c’est son manque de connaissances pour bien gérer
l’allocation de son épargne. Il sait que tout laisser sur des livrets
bancaires n’est pas une bonne idée, et voudrait savoir comment mettre son
capital à profit, comment le répartir dans le but de compléter ses revenus
dans environ 8 ans, au moment où il espère avoir des enfants.

On fait face à une situation assez inhabituelle. A 23 ans, Arsène a déjà un
patrimoine supérieur à celui de 75% des français tous âges confondus, sans
posséder d’immobilier !

Il nous parle d’utiliser son patrimoine pour se créer une rente dans quelques
années, avec cet héritage il saute l’étape de la création de patrimoine pour
se concentrer sur sa préservation et la production de revenus.

On va voir ce que je ferais à sa place.

Arsène a l’intégralité de son patrimoine financier sur des livrets bancaires,
principalement sur un livret B peu rémunéré, ce qui n’est pas optimal, et il
le sait. Il a probablement conscience qu’avec ces montants il perd plusieurs
milliers d’euros tous les ans, en valeur relative, car le rendement de son
patrimoine est sous la valeur de l’inflation. Finalement Arsène a la même
allocation qu’une grande partie des français, mais elle ne correspond
absolument pas à son profil.

Si j’étais à sa place, voilà l’allocation que je viserais. Si on suit l’ordre
de la pyramide des investissements, que je détaille
ici, la première étape est de se constituer une épargne de précaution pour
toujours avoir des liquidités à l’abri en cas de pépin. Pour Arsène, le
problème n’est pas de trouver l’argent mais de savoir combien y consacrer. Il
paye 780€ de loyer, on peut imaginer que ses autres charges fixes s’approchent
des 400 ou 500€ par mois. On va partir sur des charges mensuelles autour donc
des 1300€ par mois, multipliées par 5 ça nous donne un total de 6500€. Donc
avec 6500€ de côté, Arsène peut payer ses charges fixes pendant 5 mois, en cas
de perte de son emploi par exemple.

A sa place je les mettrais sur un livret d’épargne populaire s’il y est
éligible, ce qui est possible vu son âge ! En ce moment c’est le livret le
plus rémunérateur, avec 6% de rendement garanti. Sinon, les répartir sur son
livret jeune et son livret A fonctionnera très bien.

Ensuite, on ne sait pas quelles sont les grosses dépenses auxquelles il doit
faire face en ce moment, mais il est probable que délimiter une épargne de
projet lui soit très utile. Je parle d’avoir une enveloppe d’épargne bien
définie, sur laquelle il peut stocker le montant qu’il lui faut pour financer
un projet qui arrive à court terme. Il pourrait tout à fait stocker cette
épargne de projet sur son livret A mais elle serait au même endroit que son
épargne de précaution. Pourquoi pas alors ouvrir un LDDS dédié aux dépenses
exceptionnelles prévues à l’avance ?

Ensuite Arsène nous indique vouloir changer d’entreprise régulièrement pendant
sa vingtaine, on peut supposer qu’il aura une importante mobilité
géographique. Mais si tous ses futurs employeurs se trouvent dans le même
secteur, s’il est fixé en région parisienne par exemple, il serait pertinent
pour lui d’envisager l’achat de sa résidence principale.  Il a la chance
d’avoir les ressources pour présenter un très gros apport à sa banque, ce qui
lui permettrait d’abaisser son montant emprunté et donc sa mensualité. De
cette façon, il pourrait avoir une mensualité du même ordre de grandeur que
son loyer actuel. Par ailleurs, avec une mensualité plus faible qu’avec un
faible apport, il augmentera sa capacité d’épargne en diminuant ses charges,
ce qui revient à la même chose que d’augmenter ses revenus.

Si pour Arsène les conditions ne sont pas réunies pour acheter sa résidence
principale, il pourrait se renseigner pour effectuer un investissement
locatif, éventuellement en faisant appel à une société à qui déléguer le
projet. Il y aura des frais supplémentaires, mais c’est mieux que de ne rien
faire. Pour son profil, il serait vraiment intéressant de toucher à
l’immobilier, alors il y a une troisième option qu’on peut envisager s’il ne
veut pas gérer un bien locatif directement: les SCPI, les sociétés civiles de
placement immobilier, qui lui rapporteront un revenu stable dans 8 ans, autour
de 4-5% de rendement par an.

Ça tombe bien car au bout de 8 ans, il aura amorti les frais d’entrée des SCPI
et c’est pile la durée pour bénéficier des avantages fiscaux de
l’assurance-vie après son ouverture. En plaçant des parts de SCPI sur
assurance-vie, il pourrait profiter du réinvestissement des loyers pendant les
8 premières années puis en tirer par la suite une rente optimisée fiscalement.
Mais attention à bien sélectionner les contrats d’assurance vie et à
diversifier les SCPI si le montant placé est important. L’inconvénient à noter
est qu’il est impossible d’acheter des SCPI à crédit en assurance-vie, ce sera
donc un investissement intéressant mais sans effet de levier bancaire, donc
peu agressif.



On peut en profiter pour revenir un peu sur les assurances-vie. Quoi qu’il
fasse au niveau immobilier, à la place d’Arsène je prendrais tout de suite
date sur de bons contrats d’assurance-vie, puisque comme je viens de le dire,
il faut attendre 8 ans de détention pour débloquer ses avantages fiscaux. La
base serait d’ouvrir ces contrats en plaçant le montant minimum exigé sur des
fonds euros sans risque, de cette façon il peut oublier ses contrats jusqu’au
jour où il voudra profiter de leur fiscalité avantageuse.

Par contre, il n’a pas vraiment besoin d’ouvrir un Plan Epargne Retraite selon
moi, étant donné qu’il n’est pas sur des tranches d’imposition élevées, il n’a
pas besoin de prioriser la défiscalisation qui est l’intérêt principal du PER.

Avec ses objectifs de rente dans 8 ans, il a besoin d’actifs qui rapportent
des revenus tangibles. Difficile pour moi de ne pas parler des actions dans ce
contexte. A sa place, j’ouvrirai tout de suite un plan d’épargne en actions et
j’investirai dans de grands fonds indiciels mondiaux diversifiés, pour
profiter de la très bonne performance de la bourse mondiale sans se prendre la
tête. Je rappelle que la bourse mondiale a un historique de rendement
annualisé d’environ 10% brut d’inflation sur les dernières décennies. A 8 ans
d’horizon de placement, il a environ 90% de chances de réaliser une plus value
si on se base sur les données historiques.

C’est quand même plutôt rassurant !  Mais pour moi il y a un hic. 8 ans
c’est un horizon de placement un peu complexe, on rentre à peine dans le
domaine de l’investissement à long terme. C’est trop long pour rester
uniquement sur des livrets bancaires et des fonds euro d’assurance vie, mais
en plaçant tout sur de l’immobilier et des actions il y a un risque qui
persiste d’être en moins value sur son patrimoine dans 8 ans.

Je vois 2 options. On pourrait lui suggérer d’envisager de se verser une rente
dans un horizon de temps un peu plus lointain,  et dans ce cas ma
recommandation serait de minimiser au maximum les liquidités et les
obligations dans son patrimoine une fois qu’il s’est occupé de délimiter son
épargne de précaution et de projet qui reste bien sûr sur des supports
obligataires et liquides.

Sinon, si son objectif est vraiment de commencer à se verser la rente dans 8
ans, à sa place je garderais quelques dizaines de milliers d’euros sur des
fonds obligataires, par exemple autour de 20-30% de son patrimoine financier,
hors éventuelle résidence principale. Les fonds obligataires dont je veux
parler sont les fonds euros des assurances vie , mais pourquoi pas aussi les
comptes à terme bancaires ! Cela lui permettrait de diluer son risque d’être
en moins value dans 8 ans, grâce aux rendements garantis de ces supports non
risqués. Sans parler du confort mental que ça apporte, c’est non négligeable
dans le cas d’un débutant en investissements boursiers et immobilier avec un
gros capital.



En résumé, on vient de voir une combinaison efficace pour percevoir des
revenus supplémentaires à moyen long terme avec d’abord des revenus boursiers
défiscalisés sur PEA, des revenus obligataires garantis avec les fonds euros
ou les Comptes À Termes et éventuellement des revenus fonciers, soit en direct
en cas d’achat d’un bien soit défiscalisés sur assurance-vie s’il se tourne
vers les SCPI.

Je rappelle la possibilité pour lui d’acheter sa résidence principale, mais à
23 ans il est plus probable que les conditions ne soient pas encore réunies
pour que ce soit une bonne idée.

C’est en tout cas une grande étape pour Arsène d’investir correctement son
capital, cela peut être assez stressant alors dans son cas il ne faut pas
hésiter à se faire accompagner par un conseiller en gestion de patrimoine
indépendant, rémunéré par honoraires et non par rétrocommissions pour être sûr
de l’intégrité de ses conseils de contrats à ouvrir. Ce n’est pas
indispensable, on peut tout à fait gérer son patrimoine soi-même, c’est ce que
je fais, mais cela nécessite quand même de se former un minimum et d’y passer
un peu de temps. En tout cas, si ça t’intéresse tu retrouveras en description
les meilleurs contrats de PEA et d’assurance vie selon moi, qui sont ceux que
j’utilise pour ma propre gestion.

Le mot de la fin

On vient de débriefer ensemble la situation d’Arsène ! Bien sûr je ne fais
qu’expliquer ce que je ferai si j’étais dans sa situation. Je ne suis pas au
courant des subtilités de sa situation, de ses goûts personnels et de sa
relation face au risque. Bref, il est responsable de ses investissements. Mais
peut être que tu t’es reconnu dans certains aspects de son profil et que cet
article t’aura donné des idées.

Si toi aussi tu veux peut-être participer à un prochain épisode de la Consult’
Finances, rendez-vous
ici.

Merci de m’avoir lu, si l’article t’a plu n’hésite pas à le partager à ceux
qui pourraient en bénéficier !

 


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